lundi 9 novembre 2015

LES FERRAILLEURS vol.1 : LE CHÂTEAU (Edward Carey - Grasset)

Évoquer Charles Dickens et Tim Burton (rien de moins !) pour présenter un nouveau livre, c'est forcément placer la barre assez haut et, du coup, susciter une attente fébrile chez le lecteur qui n'en demandait pas tant. Avec ce premier volume de la trilogie des "Férrailleurs", Edward Carey met les petits plats dans les grands pour un résultat... digeste ? 


Au milieu d’un océan de détritus composé de tous les rebuts de Londres se dresse la demeure des Ferrayor. Le Château, assemblage hétéroclite d’objets trouvés et de bouts d’immeubles prélevés à la capitale, abrite cette étrange famille depuis des générations. Selon la tradition, chacun de ses membres, à la naissance, se voit attribuer un objet particulier, dont il devra prendre soin toute sa vie. Clod, notre jeune héros, a ainsi reçu une bonde universelle – et, pour son malheur, un don singulier : il est capable d’entendre parler les objets, qui ne cessent de répéter des noms mystérieux...  

Edward Carey himself
Alors, le château est-il un bon livre ? C'est tout du moins un beau livre : l'auteur a ainsi intégralement illustré la couverture et les chapitres avec un talent certain. Avant même d'avoir lu une ligne, on découvre un univers lugubre à souhait ainsi qu'un impressionnante galerie de portraits cireux, figés dans l'encre noire et le dédain morbide de ses étranges sujets. Figurent également au début et à la fin du volume les plans détaillés du fameux "château", précieux guides pour éviter au lecteur de s'y perdre, à l'instar même des personnages. On pousse donc la porte de cet imposant pavé (452 pages) avec beaucoup de curiosité. Une fois à l'intérieur, telle Lucie, la nouvelle servante, impossible pour lecteur de se soustraire à l'emprise du lieu : E. Carey a bâti une drôle d'histoire qui emprunte avec déférence aussi bien au fantastique gothique qu'à la littérature victorienne et au conte pour enfants. La description du château, entité quasi vivante, fascine par son aspect grouillant, ses recoins insondables et sa décrépitude érigée en véritable principe esthétique.  
Et puis il y a cette idée lumineuse : des objets qui parlent et des hommes soumis à ces mêmes objets pour le restant de leur vie. Un mystère se cache derrière cette étrange ménagerie et quel mystère ! E. Carey ménage son suspens et ses révélations... Il s'offre également le plaisir de quelques moments d'anthologie poético-fantastique : l'expédition dans la décharge et sa mer de détritus, la tempête à l'assaut du château, la créature "reconstituée",... Il subsiste bien des longueurs mais l'auteur remplit son contrat et tient les promesses affichées sur la couverture : on verrait bien Tim Burton s'emparer des Ferrailleurs à l'occasion d'un prochain film...


Petit plus amusant, on trouve sur le site de l'éditeur un petit gadget qui permet de découvrir son objet de naissance. Pour moi, ça a été un porte-manteau ! Très rigolo...

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