lundi 17 juin 2013

BLESSEES (Percival Everett - Actes Sud)

Dans le Wyoming profond, les hommes révèlent leur vrai nature. C'est beau, intense, mais aussi... sauvage. Amateurs de grands espaces, vous allez respirer à pleins poumons ce western moderne. Un roman au caractère bien trempé, signé par un professeur d'université qui a souvent traité des questions raciales.



John Hunt dirige son ranch dans le grand Ouest américain au côté de son vieil oncle. Tous deux sont noirs mais ils parfaitement intégrés à la vie locale. Ce sont de vrais cowboys modernes, fiers représentants d'une Amérique rurale et profonde. Mais l'irruption d'un jeune homosexuel déboussolé va bouleverser leur vie paisible...

ALORS ? Quoi de plus américain, de plus typique qu'un ranch planté dans l'immensité des terres, avec son propriétaire taciturne, ses soleils couchants, sa mule récalcitrante, son shérif et ses indiens ? Quoi de moins américain et de plus étonnant qu'un noir, bel homme, ex universitaire, dans le rôle, justement, du propriétaire taciturne ? John Hunt est noir mais c'est un vrai cowboy à l'ancienne, droit dans ses bottes, sévère mais juste. Sa vie ressemble à une (sublime) carte postale, presque un hommage au grand Ouest et à ses mythes qui fait de Blessés un bel exemple de nature writing. Mais il y a un hic et, derrière le mythe se cachent des choses pas belles à voir. En s'isolant du monde dans son ranch, John Hunt a cru y échapper mais l'autre Amérique, celle du racisme, de l'intolérance va se rappeler à son bon souvenir. Un meurtre, un jeune homosexuel menacé, une milice néonazie, du bétail massacré : John Hunt voit soudain tout son monde vaciller. P. Everett prend des gants et évite de précipiter les choses : face à la haine, il y a beaucoup d'amour (John et Morgan, John et l'oncle Gus, les tâtonnements de David) et des personnages qui tentent de recoller les morceaux d'une histoire qui leur échappe. Les problèmes ne se règlent pas qu'à coups de fusil ou de pistolets, c'est du moins ce que voudrait croire John Hunt. P. Everett est moins optimiste et la fin de son livre tient davantage de l'Impitoyable d'Eastwood que de L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux de Redford...

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