lundi 14 mars 2011

SUKKWAN ISLAND (David Vann - Gallmeister)

QUI ? David Vann, né en 1966 en Alaska. Passionné de voile, il travaille longuement sur les bateaux et exerce quantité de petits boulots. Il lui faudra dix ans pour rédiger Sukkwan Island et presque autant pour le voir publier.
QUAND ? Époque indéterminée, quelque part sur une île perdue au beau milieu de l'Alaska.
QUOI ? Jim décide d'emmener son fils de treize ans sur une île perdue pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d'échecs personnels, il voit là l'occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu'il connaît si mal...
ALORS ? La presse, les critiques, nous avaient averti : Sukkwan Island est un livre qui emmène loin, un récit brut, sans concession, qui malmène le lecteur et le confronte systématiquement au pire. Dès le début, à l'image de la nature crépusculaire qui entoure ses protagonistes, David Vann insinue l'angoisse, le malaise est latent et l'on devine très tôt que l'expédition père-fils ne peut mener qu'au drame. Mais le coup de théâtre (terrifiant) de la page 113 n'est pas celui escompté : Sukkwan Island n'est pas un récit de survie comme pourrait le laisser croire sa première partie mais plutôt un théâtre de lâchetés, de non-dits et de douleurs enfouis. L'île de Sukkwan, oppressante, hostile, épuise les personnages et les pousse dans leurs derniers retranchements jusqu'à l'explosion. Dans la deuxième partie (particulièrement éprouvante), elle devient une sorte de purgatoire, lieu de folie et de souffrance dont il semble impossible de s'échapper. Car il n'y a pas échappatoire, pas d'issue à la culpabilité et au désespoir, le verdict de David Vann est sans appel. La fin, un peu mal fichue, un peu trop décalée par rapport au reste du livre, ne dit pas autre chose. Mais pourquoi pareille noirceur ? A la lecture des interviews de David Vann, on comprend mieux ce qu'est Sukkwan Island : à la fois un exorcisme et un incroyable objet de thérapie et de rémission. Alors vous aussi, vous voilà prévenus : personne ne sort indemne de Sukkwan Island...

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