QUI ? Rawi Hage, né en 1964 au Liban qu'il quitte en 1992 après la guerre civile. Devient ensuite citoyen canadien. Il se partage aujourd'hui entre écriture, arts plastiques et son métier de conservateur.
QUAND ? De nos jours, à Montréal, au Québec.
QUOI ? Réchappé d'une tentative de suicide, le narrateur, immigré originaire d'un pays oriental, est contraint de suivre une psychothérapie. Fou amoureux de Shoreh, une Iranienne torturée par les mollahs, notre homme vit à la petite semaine entre aide sociale et boulots d'appoint...
ALORS ? L'exil, le déracinement, sont-ils solubles dans la bonne conscience ? Que peut espérer un exilé politique, ici Iranien, plongé dans le grand bain de la liberté et des valeurs occidentales ? Sujet casse-gueule que Rawi Hage (lui-même exilé volontaire) prend de front, sans crainte de heurter les bonnes manières et le politiquement correct. Le cafard tire sur tout ce qui bouge : qu'il s'agisse de l'évangélisme et la condescendance de l'Occident ou de l'opportunisme et de la voracité de certains exilés, l'auteur n'épargne personne, à commencer par son narrateur, irrémédiablement antipathique, symptôme chronique de l'incompatibilité des cultures et des traumatismes indélébiles. Son basculement progressif dans la folie ne fait qu'entériner l'échec annoncé d'une intégration impossible. Son exil est d'abord intérieur, un trou noir sans fond d'où rien ni personne n'est en mesure de le sauver. Le discours est pessimiste, noir mais R. Hage n'a pas signé qu'un brûlot : l'humour, souvent acide, le drame et le désespoir composent ici une drôle de partition, riche d'émotions et de petits instantanés de vie, croqués avec un réel talent. Sur un sujet difficile, aux résonances politiques et sociales, R. Hage n'oublie jamais qu'il est d'abord un romancier, et un sacré bon d'ailleurs...
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