QUI ? Gail Jones, universitaire, écrivain australien très connu en Australie mais pas du tout chez nous.
QUAND ? Avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale, en Australie.
QUOI ? Pendant la seconde guerre mondiale, mais loin des conflits qui déchirent la planète, grandit dans le bush australien une étrange petite fille, Perdita. Elle est née là, de parents anglais très mal assortis : le père, anthropologue, censé effectuer des recherches sur les Aborigènes est déçu que personne ne s’intéresse à son travail. Violent, brutal, il traite en esclaves ses domestiques — aborigènes, bien sûr — n’hésitant pas à violer les très jeunes femmes à son service. Stella, la mère, dépressive, instable, n’existe qu’à travers la lecture de Shakespeare et ne parle pratiquement que par citations de ses pièces. Perdita, livrée à elle-même, ne trouve amour et réconfort qu’auprès des tribus aborigènes qui lui font découvrir la nature, les animaux, les saisons. Surtout, il y a Mary, une jeune indigène plus éduquée car venue d’un couvent anglais de la ville voisine, pour s’occuper de la petite fille. Une sorte de bonheur pourrait alors s’installer — mais survient le drame : le père de Perdita est retrouvé assassiné chez lui. Qui l’a tué ? Perdita doit le savoir, car elle était présente. Mais qu’a-t-elle réellement vu, réellement compris ?
ALORS ? En plaçant son livre sous la tutelle quasi permanente de Shakespeare (les citations du dramaturge ponctuent le roman du début à la fin), Gail Jones a puisé à la source du drame et de la tragédie pour décrire la pathétique mais magnifique destinée de Perdita, son héroïne. L'univers de la fillette est en proie au déchaînement : un meurtre sanglant se joue sous ses yeux, une tempête furieuse ravage le bush tandis que le chaos des bombes frappe l'Australie. Dans ce monde affligé, Perdita n'a de cesse de chercher la vérité et d'affronter son trouble intérieur : de la faute au pardon, des ténèbres à la lumière, la fillette lutte pour sa rédemption dans une aventure riche de larmes, de douleur mais aussi de sentiments et d'amour. Gail Jones signe là un puissant mélodrame aux passions contrastées, à la fois pur divertissement et réflexion précieuse sur l'identité, la culpabilité et la rédemption. Grande réussite au final !
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