QUI ? Sadie Jones a été scénariste pendant quinze ans. Elle est née à Londres où elle vit avec son mari et leurs deux enfants. Le Proscrit est son premier roman ; énorme succès de librairie outre-Manche, il a été finaliste du prix Orange 2008, et les droits cinématographiques viennent d’être vendus dans la perspective d’un film par John Madden, le réalisateur de Shakespeare in love.
QUAND ? Années 50.
QUOI ? Dans cette petite ville du Surrey, au sud de Londres, tout le monde va à l'église, joue au tennis et fête Noël dans l'insouciance et l'alcool ; les jobs s'obtiennent au cours de conversations de quelques minutes au coin du feu, et les jardiniers sont aux petits soins pour les massifs de fleurs des riches demeures victoriennes. Mais cette façade hypocrite et fragile se fissure à partir du jour où le petit Lewis Aldridge, âgé d'une dizaine d'années, assiste, impuissant et terrifié, à la noyade de sa maman adorée, libre d'esprit et anticonformiste. Privé du réconfort d'un père à peine revenu de la guerre, homme froid, autoritaire et accablé par le veuvage, Lewis se rétracte dans la douleur et sombre peu à peu dans le doute, la solitude, l'automutilation, puis la délinquance. En 1957, quand il sort de prison où il vient de passer deux ans pour avoir incendié l'église de Waterford, il n'a que dix-neuf ans...
ALORS ? La première scène du livre donne un éclairage assez juste sur le talent de Sadie Jones : un homme sort de prison et personne n'est là pour l'accueillir. L'instant est fort et diablement cinématographique ! Le Proscrit est à l'avenant de cette introduction intense : d'une écriture sobre, Sadie Jones compose un récit tendu, sans temps mort, où la douleur et la furie de l'adolescence heurtent de plein fouet les convenances et l'hypocrisie de la société (évocation réussie de la bourgeoisie anglaise de l'époque). Quelques grands moments : les apparitions de Dicky, parfait salaud dont on espère le châtiment jusqu'au bout ; la troublante et troublée Alice, jeune belle-mère fragile prise aux piège de ses émotions et, surtout, la scène finale dans l'église, très bel exemple de savoir-faire romanesque. Tout ça devrait effectivement faire un très bon film...
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