vendredi 17 avril 2009

L'AIR D'UN CRIME (Juan Benet - 10-18)

QUI ? Juan Benet, l'un des plus grands auteurs espagnols de l'après-guerre. De nombreuses bios circulent sur le Net.
QUAND ? Années 50-60, à Region, province imaginaire située quelque part dans le Nord de l'Espagne.
QUOI ?  La découverte du cadavre d'un blond inconnu sur la place du village de  Bocentellas sème le trouble dans la petite communauté...
ALORS ? Dans L’air d’un crime, il y a bien un crime, une enquête (menée par le capitaine Medina), des personnages troubles (passeurs, hommes de main, déserteurs, mères maquerelles,…) mais tout cela n’ a que “l’air” d’un crime et le livre de Benet n’a en fait rien d’un roman policier !  Au fait, saviez-vous que, tout en menant sa carrière littéraire, Juan Benet avait continué d’exercer le métier... d'ingénieur des Ponts et Chaussées !? Quel rapport avec ce qui nous préoccupe (me direz-vous) ? En fait, Benet a crée un espace imaginaire où il situe l’action de son livre, une sorte de contrée isolée et perdue nommée Region, symbole d’une Espagne à l’interminable agonie après le désastre de la guerre civile. Entre villes minières abandonnées, forteresses inutiles (très fortes réminiscences du Désert des Tartares…) et montagnes décharnées, le lecteur découvre un monde à la cartographie minutieuse, presque un purgatoire où tous les protagonistes de Benet semblent purger de très longues peines. Au parfum de ruine de Region s'ajoute une atmosphère inimitable faîte de pittoresque trivial et de métaphysique trouble. L’intrigue demeure la plupart du temps incompréhensible mais le charme opère. Benet écrit avec froidure mais brillance : les mots sont pesés avec minutie, les phrases se déploient dans de longues construction alambiquées qui envoûtent. Pas facile de pénétrer sur les terres de Region mais une fois qu'on y a mis les pieds, difficile de s'en retourner...

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